L’ère des transmissions électroniques à recharger périodiquement pourrait toucher à sa fin. Classified Cycling, déjà connu pour son moyeu Powershift à changement de vitesse électronique, a récemment déposé un brevet décrivant un système auto-alimenté qui promet une autonomie infinie. Ce concept novateur repose sur la conversion de l’énergie cinétique et solaire en électricité, éliminant ainsi le besoin de recharger les batteries des capteurs et actionneurs du système de transmission… et potentiellement des freins électroniques.
L’essor de la transmission électronique et ses limites
Les transmissions électroniques ont pris une place croissante sur le marché du cyclisme ces dernières années. SRAM, Shimano et Campagnolo dominent actuellement ce segment avec leurs groupes AXS, Di2 et EPS, offrant un changement de vitesse précis et sans effort.
Classified Cycling, quant à lui, a introduit en 2021 son moyeu Powershift, un système interne à deux rapports permettant aux cyclistes d’avoir l’équivalent d’une transmission 2x tout en conservant une seule couronne à l’avant. Ce système, adopté par plusieurs grandes marques comme ENVE, Mavic et DT Swiss, est alimenté par une batterie rechargeable via USB-C, garantissant environ 10 000 changements de vitesse ou trois mois d’autonomie.
Malgré leurs avantages, les transmissions électroniques présentent un inconvénient majeur : la nécessité de recharger les batteries. Un oubli peut entraîner une panne en pleine sortie, rendant le vélo inutilisable ou du moins très contraignant. Classified semble vouloir remédier définitivement à ce problème avec son nouveau système.
Un système auto-alimenté : comment ça fonctionne ?
Le brevet récemment déposé par Classified décrit un système capable de générer sa propre énergie grâce à deux sources principales :
1. L’énergie cinétique : en exploitant le mouvement des roues, le système utilise un stator et des aimants pour générer du courant électrique. Ces composants sont placés stratégiquement sur la roue, le pédalier ou le moyeu afin de produire de l’électricité à chaque rotation.
2. L’énergie solaire : des panneaux photovoltaïques peuvent être installés sur plusieurs parties du vélo, notamment sur le shifter, le moyeu, le plateau, le garde-boue, le cintre ou le cadre. Cette technologie permettrait de capter la lumière du soleil et de prolonger encore davantage l’autonomie du système.

Une récupération d’énergie optimisée
Le principe de base du système repose sur une interaction entre un stator fixe et des aimants mobiles. Concrètement, à chaque passage des aimants devant le stator, un courant électrique est induit, permettant d’alimenter les actionneurs et les capteurs de la transmission.
Dans la version la plus probable du système, le stator serait intégré à l’axe traversant, tandis que les aimants seraient positionnés à l’intérieur de la coque du moyeu. Cela correspondrait parfaitement à la conception actuelle du Powershift, où l’axe et sa poignée abritent déjà la batterie et les bobines d’induction.
Des freins électroniques en perspective ?
L’un des points les plus intrigants du brevet concerne la mention d’un système de freinage électronique. Bien que le document ne donne aucun détail précis sur son fonctionnement, il décrit un capteur capable de transmettre un signal électronique à un actionneur, déclenchant ainsi un freinage.
L’existence de freins électroniques pourrait bouleverser le marché, bien que leur intérêt par rapport aux freins hydrauliques classiques reste à démontrer. L’absence de câbles et de durites pourrait simplifier l’entretien, mais la fiabilité d’un tel système sur des descentes abruptes ou en conditions extrêmes soulève encore des questions.

Une innovation bénéfique pour le cyclisme ?
Le concept de recharge automatique n’est pas totalement nouveau dans l’industrie, mais son application à une transmission électronique complète l’est. Aucun groupe électronique actuellement sur le marché ne propose une autonomie illimitée grâce à un système de récupération d’énergie.
Si Classified parvient à concrétiser cette innovation, elle pourrait marquer une étape décisive dans l’adoption massive des transmissions électroniques. Voici quelques-uns des avantages attendus :
• Élimination des contraintes de recharge : plus besoin de se soucier du niveau de batterie avant une sortie.
• Autonomie infinie : le vélo produit sa propre énergie, tant qu’il est en mouvement ou exposé à la lumière.
• Durabilité accrue : la dépendance aux batteries lithium-ion et leur cycle de vie limité pourraient être réduites.
• Simplicité d’utilisation : les cyclistes pourraient profiter des avantages de l’électronique sans la contrainte des recharges régulières.
Un pas vers l’avenir ou une fausse bonne idée ?
Si le système fonctionne comme prévu, il pourrait séduire un large public, des amateurs aux professionnels. Cependant, quelques défis restent à surmonter :
• Efficacité du système de récupération d’énergie : produira-t-il suffisamment de courant pour alimenter en continu la transmission et potentiellement les freins ?
• Fiabilité : comment réagira-t-il dans des conditions extrêmes (boue, pluie, froid intense) ?
• Coût : cette technologie risque-t-elle d’augmenter encore plus le prix des groupes électroniques, déjà onéreux ?
Conclusion : la prochaine innovation pour la transmission électronique ?
Avec ce brevet, Classified Cycling ouvre la voie à une nouvelle génération de transmissions électroniques autonomes. Si cette innovation voit le jour, elle pourrait supprimer l’un des principaux inconvénients des transmissions actuelles : la nécessité de recharger les batteries.
En parallèle, l’introduction possible de freins électroniques soulève de nouvelles questions sur l’évolution du vélo moderne et l’équilibre entre innovation et complexité.
Il reste à voir si Classified réussira à commercialiser cette technologie et si d’autres marques suivront le mouvement. Une chose est sûre : une transmission électronique qui ne tombe jamais en panne de batterie serait un argument de poids pour convaincre les cyclistes les plus sceptiques.