Vingegard et Pogacar battent tous les records de puissance

Les chiffres de puissance de cette année au Tour de France sont les plus élevés de l’ère moderne du cyclisme. Une puissance de 7 W/kg pendant 20 minutes est la nouvelle norme pour les prétendants au classement général, et bon nombre de ces performances sont réalisées après 3500 kJs de travail, à une altitude de 1000 à 2000 mètres au-dessus du niveau de la mer, et sous des températures de plus de 30 °C.

Contrairement à 2022, Vingegaard n’a pas attendu longtemps pour jouer ses cartes et attaquer Pogačar. L’étape 5 de Pau à Laruns incluait le Col du Soudet (15,2 km à 7 %), le Col d’Ichere (4,2 km à 6,2 %) et le Col de Marie Blanque (7,8 km à 8,4 %), dont les 4,8 km finaux affichaient une pente moyenne de 10,5 %.

Une échappée massive a remporté l’étape tandis que Jumbo-Visma a préparé le terrain pour Vingegaard. Lorsque le Danois a attaqué en sortant de la roue de Sepp Kuss, Pogačar n’a même pas réagi. Vingegaard a réalisé l’une des meilleures performances de sa carrière en montagne sur les pentes les plus raides du Col de Marie Blanque, en poussant près de 7 W/kg pendant plus de 20 minutes. Le Champion en titre du Tour a continué à appuyer sur les pédales jusqu’à l’arrivée à Laruns, où il a pris une minute et quatre secondes sur Pogačar.

Bien que nous n’ayons pas les données de puissance de Vingegaard, nous pouvons faire une estimation éclairée basée sur les données de puissance d’autres coureurs et les temps réalisés au Col de Marie Blanque. En 2020, Pogačar, âgé de 21 ans, a gravi le Col de Marie Blanque en une minute et demie de plus que le temps de Vingegaard en 2023, mais a quand même remporté l’étape 9 du Tour 2020 devant Primož Roglič et Marc Hirschi.

Après cette étape 5 du Tour, beaucoup pensaient que le Tour de France 2023 était déjà joué, en invoquant la récupération du poignet en cours de Pogačar comme raison de sa performance en demi-teinte. Mais le Slovène a riposté moins de 24 heures plus tard sur le parcours Cauterets-Cambasque (derniers 5,3 km à 7,5 %).

Avant l’attaque victorieuse de Pogačar, Jumbo-Visma avait fait exploser la course 40 km plus tôt au Col du Tourmalet (17 km à 7,4 %). Les longues montées en haute altitude sont généralement la faiblesse de Pogačar, et Jumbo-Visma pensait pouvoir le mettre à mal pour le deuxième jour consécutif.

Vingegaard a de nouveau attaqué à 4,7 km du sommet du Tourmalet, mais Pogačar est resté collé à sa roue. Les deux coureurs ont fait environ 6,8 W/kg pendant plus de 13 minutes, mais aucun des deux n’a craqué sur cette ascension légendaire. Les 4,8 derniers kilomètres du Tourmalet grimpent de 1700 m à 2100 m d’altitude, ce qui rend ces chiffres de puissance encore plus impressionnants si l’on considère l’altitude élevée.

Le coureur le plus proche de Vingegaard et Pogačar avec des données de puissance était Steff Cras, qui a poussé près de 6 W/kg pendant 15 minutes, mais a quand même perdu deux minutes sur le duo de tête.

Après une longue descente et des montées vallonnées, les pentes finales de la Cote de Cauterets ont commencé. Vingegaard a attaqué dans la section à 10 % de la montée et a continué à suivre Pogačar. Mais à la surprise de presque tous, Pogačar a contre-attaqué et distancé Vingegaard, s’envolant vers la victoire d’étape et reprenant 28 secondes sur le champion en titre du Tour.

Ce résultat était surprenant car Vingegaard n’était visiblement pas au meilleur de sa forme, comme en témoignent les données de puissance. Pogačar a produit environ 6,7 W/kg pendant 13 minutes dans la Cote de Cauterets, tandis que Vingegaard n’a atteint que 6,6 W/kg.

Michał Kwiatkowski, échappé, a été le seul coureur capable de rester dans les roues de Vingegaard et Pogačar pendant la première partie de la Cote de Cauterets. L’ancien champion du monde a poussé à environ 6,5 W/kg dans le peloton avant de finalement céder au rythme effréné.

Le dernier test avant le premier jour de repos du Tour était le Puy du Dôme (derniers 4,5 km à 11,5 %), une montée ridiculement raide vers le sommet d’un volcan endormi près de Clermont-Ferrand. Mike Woods a remporté l’étape depuis l’échappée après avoir comblé un déficit de 2 minutes sur Matteo Jorgenson dans les 4 derniers kilomètres. Le Canadien a poussé près de 6 W/kg pendant 15 minutes après plus de 3800 kJs de travail dans l’échappée.

14 minutes plus tard, le groupe des favoris a abordé les pentes les plus raides du Puy du Dôme, et Jumbo-Visma a pris les commandes pour Vingegaard, porteur du maillot jaune. Cependant, ni Vingegaard ni Pogačar ne semblaient confiants dans leurs jambes lorsque le rythme a ralenti après le dernier relais de Sepp Kuss. Pogačar a attendu jusqu’à 1,3 km de l’arrivée pour lancer son attaque, se levant de sa selle pendant près de 30 secondes et creusant l’écart avec Vingegaard.

Le Danois est resté fort, et l’écart de Pogačar n’a pas faibli avant les derniers 200 mètres. Vingegaard n’a cédé que huit secondes à Pogačar à l’arrivée, ce qui lui a permis de conserver une avance de 17 secondes au classement général avant le premier jour de repos du Tour.

Après les neuf premières étapes du Tour, seules quelques secondes et mètres bonus séparent Jonas Vingegaard et Tadej Pogačar. La plupart des étapes de montagne ont été gagnées et perdues lors de performances de 15 à 20 minutes, et l’effort de Vingegaard au Col de Marie Blanque reste l’exception la plus marquante (22′ 56″ à ~6,9 W/kg).

Nous savons que Vingegaard et Pogačar peuvent atteindre 6,9 W/kg pendant 15 minutes à la fin d’une étape de cinq heures du Tour de France. Mais peuvent-ils le faire étape après étape, semaine après semaine, pendant 12 jours supplémentaires ? La chaleur et l’altitude élevée ont souvent causé des difficultés à Pogačar, tandis que Vingegaard a déjà montré une certaine inconstance lors d’étapes de montagne consécutives. Le vainqueur du Tour de France 2023 est un mystère pour le moment.

Source : velo.outsideonline.com

---

Laissez ce champ vide si vous êtes humain :