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Born to Ride, retour sur une aventure longue distance de 1200 km

La Born to Ride de Chilkoot en quelques mots

La Born to Ride est un événement référence dans le paysage de la longue-distance en France. Organisée Luc Royer, l’homme derrière la série d’épreuves Chilkoot, il définit son épreuve de la façon suivante :

Le BORN TO RIDE TOUR 2021 est un événement de « Grand Cyclisme », de bikepacking, sans assistance, proposant d’effectuer au choix une étape, trois étapes, six étapes ou trente étapes (trace(s) .gpx Strava proposée(s) mais non obligatoire(s)) avec l’engagement des pionniers, avec le panache des « Forçats de la Route », avec l’élégance des « Compagnons du Voyage ».

Au programme de cette édition atypique : 30 étapes journalières (de 200 km), 10 « BTT » (Born To Try 600 km) et 5 « BTR » (Born To Ride 1200 km), le tout en un Born To Ride Tour de 6000 km, dont le tracé « hexagonal » s’inscrit comme un hommage aux Tours de France des années 20.

Retour sur la BTR 2021 Modane – Laon (1200km)

Dix jours avant le grand départ, je reçois mon Origine Graxx en kit cadre, mes roues Prymahl Vega C35 R. En suivant quelques tutoriels Origine, je l’assemble. Après deux petites sorties de réglage et la préparation des sacoches, me voila prêt à partir.

Les quelques kilomètres qui me séparent de la Gare de Lyon se font sous le déluge. Sur le uai, je démonte mes roues, place le vélo dans une housse et croise un autre participant avec son vélo sous cellophane. Nous nous donnons rendez vous le lendemain et embarquons de nos wagons respectifs.

Arrivé à Modane, la gare ressemble à parking de course cycliste. Un couple de bikepacking se dirige vers une boulangerie, un groupe de 4 participants en claquette va vers un hôtel, la camionnette Chilkoot est garé devant la gare, et un participant sur le trotoir emballe son vélo pour repartir dans le train. Le ton est donné. Ce mercredi 22 juin, Modane vie à l’heure de la Born to Ride.

Seuls 3 km me séparent de mon logement, mais la route s’élève déjà, 6%, 7% et 8% s’affiche au compteur. Bienvenue en Maurienne ! Un panneau affiche « Col de l’Iseran : Ouvert ». Rendez-vous demain.

Mes hôtes sont un couple très sympathique. Carole s’était renseignée sur la BTR après nos échanges via Airbnb. Ils connaissent bien le vélo, puisque leur fils est mécanicien cycle après avoir fait quelques années de compétition. Ils ont l’habitude du « vélo dans le chambre » et cela m’arrange bien. Je mange avec vue sur les montagnes d’un côté et la route du col de l’Iseran de l’autre.

Born to Ride #1 : Modane – Les Chapieux

🚴‍♂️ 138 km | ⛰️ 3,070 m | ⏱️ 7h07

A 5h45 je redescends les 3km qui me ramène à Modane. Le température est très fraîche. Luc Royer me donne ma casquette, mon écusson, autocollant et carnet de route. De 6h à 6h30, les participants arrivent progressivement pour une départ groupé à une vingtaine de cyclistes. Au programme près de 60km d’ascension pour atteindre le sommet du col de l’Iseran. Le levé de soleil sur la vallée est magnifique. La route des forts est sublime. On passe le Col de la Madeleine (1746m) à Val Cenis. Quelques kilomètres de descente et une vallée offre une petite accalmie avant l’ascension de l’Iseran par Bonneval sur Arc. Après avoir passé la matinée à 4, les pentes de l’Iseran mettent chacun à son rythme. On passe les 2000m alors qu’il reste encore 10km d’ascension. La pente ne passe jamais sous les 8%. Les 3 derniers kilomètres, au dessus de 2500m d’altitude terminé d’épuiser les organismes. Le cardio est haut bien que la vitesse soit lente. L’altitude se fait sentir. Heureusement, les paysages sont divins. Les vues sont sublimes, entre le vert d’une nature qui reprend vie avec le printemps et la neige qui n’a pas encore fondu à l’ombre.

Au sommet, je retrouve ma sœur pour les photos et un ravitaillement. Je rencontre Dénis Morino, parti de Vezelay 3500km plus tôt sur sa BTR Tour 6000km. On échange quelques mots, je prends sa traditionnelle photo, Axxome GTR Évo porté en l’air à bout de bras. J’enfile mon coupe pluie, cache coup, gant avant de basculer dans une descente de près de 50km jusqu’à Bourg Saint Maurice. La descente sera seulement interrompue par la sinueuse et somptueuse route des villages. Bordée de végétation, longée par un cours d’eau, cette ballade est vraiment une belle découverte.

Arrivée à Bourg je m’arrête dans une boulangerie et m’installe en terrasse. La météo annonce des orages dans l’après-midi. Je ne m’attarde pas et repars sur les lacets du Cormet de Roselend. La route serpente entre les forêts et les torrents du glacier qui dégagent beaucoup de fraîcheur. La pente n’est pas beaucoup plus indulgente que ce matin. Je partage la route avec de nouveaux participants. Nous discutons pour oublier la difficulté de l’ascension. Tous les participants sont vraiment sympathiques. L’ambiance Chilkoot est conviviale à l’image de l’organisateur Luc Royer. Bravo pour cette philosophie d’épreuve qui ne se prend pas la tête et qui réunit des cyclistes longue distance de tous les coins de France.

Après un cours replat, nous arrivons à Les Chapieux, point d’arrivée de cette première étape. Luc fait la photo d’arrivée où l’Axxome GTR evo de Denis et mon Graxx forment un beau duo Origine. Je repars ensuite en sens inverse pour redescendre sur Bourg pour y retrouver Élodie en fin de journée. Après 140km, 7h de vélo et 3000m de dénivelé positif, je suis ravi de cette journée. La météo a finalement été de la partie. Je fais le tour de Bourg à la recherche d’une paire de plaquette de rechange, au cas où les choses se compliquent d’ici la fin de semaine. Je m’installe en terrasse, une bière et une gaufre font office de goûter en attendant Élodie pour remonter en voiture à Val d’Isere.

Born To Ride #2 : Les Chapieux – Bellegarde sur Valserine

🚴‍♂️ 162 km | ⛰️ 3,439m | ⏱️ 7h39

Déposé par ma soeur aux Chapieux, je prends la route exactement là où je m’étais arrété la veille. A 7h00, les lacets du Cormet de Roselend sont désert. Seul un éleveur qui s’affire auprès des ses vaches peuple la montagne. La bascule au sommet du col offre de magnifiques paysages. La chaîne de montagne forme un cirque verdoyant traversé par de petits torrents. La suite de la descente ramène au célèbre barrage et Lac du roselend. La route passe à côté de la petite chapelle, lieu chétif des photographe du Tour de France.

L’étape se poursuit par le col des Saisies, plutôt roulant. Au sommet, j’y retrouve un groupe de motard qui me prend en photo, avant que je leur rende la pareil. Après une nouvelle descente, c’est au tour du col des Aravis d’être franchi, après une ascension assez roulante encore. Au sommet je retrouve Luc Royer, avant de basculer vers La Clusaz, station de sport d’hiver où j’ai passé de très nombreux hiver étant petit. Transit de froid, je m’installe à l’intérieur d’une brasserie pour manger au chaud et reprendre des forces. Depuis le matin, j’ai roulé seul et croisé que deux concurrents.

Rassasié, je me dirige vers le Montée des Glieres. L’ascension était annoncé comme “terrible” par les autres participants, et ils avaient bien raison. Les premières pentes sont autour de 10%. Mais, il n’y a pas qu’en vélo que l’ascension est compliquée. Dans un virage en épingle, un camion est bloqué en travers de la route. Il tente de forcer et explose une de ses roues. Après quelques minutes de manoeuvre, il arrive a faire marche arrière et à libérer la route.

Au sommet, le tonnerre résonne. Je rencontre les frères Naito et Andrea Braga. Je ne le sait pas encore, mais nous partagerons de nombreux kilomètres cette semaine. Nous nous engageons dans la section gravel du plateau des Glières, nous arrêtons un instant devant le Monument national à la Résistance, puis basculons dans la descente sous une pluie soutenue.

Au fil des kilomètres, les paysages alpins disparaissent. Cette fin d’étape est une transition vers le Jura. Le décor se fait plus valloné que montagneux, plus vert que rocailleux. Le déluge accompagne la fin d’étape. On roule les mains en bas pour arriver le plus vite possible. Arrivé à Bellegarde, je me réfugie dans un café en attendant Juan mon hôte Airbnb. La douche chaude sera miraculeuse, tout comme le sandwich de fin de journée et la nuit réparatrice.

Born To Ride #3 : Bellegarde sur Valserine – Montbeliard

🚴‍♂️ 227 km | ⛰️ 2,637 m | ⏱️ 8h 44m

Départ à 6h30, avec une température très fraîche. A la sortie d’une boulangerie, je retrouve les frères Naito croisés la veille. On fera 150km ensemble dans la journée. Il fait humide, le brouillard encapsule les collines jurassiennes. Après une ascension, on arrive sur un long plateau en herbes sauvages entourés de forêts. Quelques rares hameaux peuplent ce plateau très sauvage. Une station de ski semble abandonnée. Les nuages accrochés aux collines donnent une atmosphère mystique à ces paysages reuclés.

En fin de matinée, on cherche à manger, mais aucun restaurant ne veut servir avant 12h. On poursuit notre route jusqu’à Pontarlier où on retrouve deux autres groupes et Denis Morino dans une boulangerie que l’on dévalise.

S’en suivent de nombreux vallons, des “coups de cul”. Le plateau semble sans fin. Au bout de 160km, ça bascule enfin. On se retrouve à avec Andrea Braga, pour envoyer les 70 derniers kilomètres en deux heures, soit 35km/h de moyenne. La fin de parcours se promène sur une charmante voie cyclable le long d’un cours d’eau. A l’arrivée, la traditionnelle photo précède la bien pinte bien méritée. On dînera ensuite à une douzaine à l’hôtel avant de donner rendez-vous le lendemain à 6h30 pour la quatrième étape.

Born To Ride #4 : Montbéliard -Selestat

🚴‍♂️ 196 km | ⛰️ 3,413 m | ⏱️ 9h25m

Rendez-vous à 6h30 devant l’église pour un départ groupé. On part à cinq, puis un second groupe mené par Denis Morino, parti quelques minutes après, nous rejoint. On parcours la vallée dans la bonne humeur pour rejoindre la Planche des belles filles. À Plancher bas, on s’arrête à la boulangerie pour prendre des forces avant les quatre ascensions de la journée. Dans la Planche, c’est chacun son rythme. La première rampe offre une belle perspective. La montée ne fait que 6km, mais les pourcentages sont exigeants. Arrivé dans le dernier kilomètre le panneau indique 22%. La route semble être un mur, recouverte de peinture au sol « PINOT, PINOT, PINOT ». On sait quel est le coureur favori des gens de la région. La rampe s’escalade finalement assez bien pour laisser place à la ligne d’arrivée utilisée lors du Tour. Mythique !

La descente se fait pas une piste gravel (voir VTT) dans la forêt. Je perds mes compagnons de route dans cette longue descente technique où je verrai une chute et un pneu explosé. Je repars seul en bas de la descente pour le Ballon d’Alsace. Le col est roulant, entre 5 et 6%, ce qui permet de ne pas se mettre dans le rouge. Le sommet est tout simplement somptueux. Les parapentes s’amusent dans le ciel, la route serpente au milieu d’une étendue de prairie et un chalet marque le sommet.

J’enfile un coupe vent et me lance dans la descente. En bas, je sens que je manque d’énergie. Le petit déjeuner n’a pas suffi. Je mange, m’hydrate, passe de la crème, retire ma veste. Me sentant remis à neuf, je peux repartir sur la toute petite route forestière qui mène à au col du Page.

Après le lac de la Lauch, la route s’élève pour la longue montée de 14km jusqu’au Markstein. S’en suit la magnifique route des crêtes. Les paysages Alsacien et Vosgiens sont somptueux. Les grandes forêts, les collines et vallées, de petits lacs. Après 50km de vallons autour des 1000m d’altitude, on plonge dans la vallée pour descendre sur 40km jusqu’à Selestat. On finit sur une petite voie cyclable avant de rentrer le très joli centre ville.

Je profite d’un vélociste pour resserrer ma cassette qui avait un petit jeu. Une formule tacos en terrasse et direction le Wharmshower.

Born To Ride #5 : Selestat – Metz

🚴‍♂️ 200 km | ⛰️ 2,379 m | ⏱️ 7h59m

Routes des vins d’Alsace
Architecture mensarde, maisons jaunes
Mont St Odile
Frères Naito
Col du Donon, dernier col de cette BTR.
Sarrebourg pour manger. Resto, cuisine locale
Vallons et faux plats, pas un mètre de plat

Reçu comme un roi chez un diagonaliste. Avec sa compagne, ils accueillent également une jeune kayakiste qui sortait d’un week-end de compétition à Metz. Douche, lessive, repas gargantuesque et une bonne de sommeil permettent de repartir dans des conditions idéales le lendemain.

Born To Ride #6 : Metz – Laon

🚴‍♂️ 240 km | ⛰️ 1,817 m | ⏱️ 8h42m

La feuille de route annonce 233km pour seulement 1700m de dénivelé. Nous décidons donc de partir en peloton à 6h30 de la cathédrale de Metz. Le petit peloton se sépare rapidement en deux groupes avec les deux premières longues côtes de la journée. Dénis et Éric (les 6000km), Andrea et Elie (né en 2002), nous partons en éclaireur. Un premier arrêt boulangerie permet de bien lancer la journée.

Nous arrivons sur les champs de bataille de Verdun. Des panneaux d’entrée et de sortie de village indiquent les lieux ou des villages existaient avant d’être complètement ensevelis sous les bombes. Des abris, tunnels, réservés à munitions peuplent la forêt. On imagine, même si on doit encore être loin du compte, l’horreur de cette bataille. Au sommet d’une colline, là majestueux sanctuaire rend hommage aux hommes qui ont perdu la vie pour défendre la liberté. L’ossuaire de Doueaumont, le cimetière militaire, nous plonge dans un sentiment de respect. La présence d’un militaire ayant servi au combat et la pluie, donne une dimension encore plus forte à cette atmosphère particulière.

Nous redescendons. Nouvel arrêt boulangerie pour recharger les batteries. Tandis qu’un pont en travaux bloque notre trace, nous empruntons une voie verte, qui devient rapidement gravel, puis une prairie. La portion n’étant pas technique, tout le monde s’amuse dans ce parcours off-road. Nous retrouvons ensuite un chemin de halage et notre route.

La route qui suit est faite de vallons. Nouvel arrêt boulangerie. Quelques centaines de mètres à moins de 5%, mais à répéter des dizaines et dizaines de fois. À la longue, le groupe se sépare.

La fin d’étape s’éternise, 180km, 190km, 200km, 210km, 220km, 230km. La cathédrale de Laon est en vue. Elle trône, au sommet d’une colline qui semble elle même trôner au milieu d’une immense plaine. Une petite route serpente de la ville nouvelle en bas, vers la vieille ville en hauteur. Enfin, la cathédrale. Elle vient marquer la fin de cette étape de 240km, mais surtout la fin de cette Born to ride. Déjà !

Un dîner nous réunis en fin d’après-midi et permet de faire la passation avec les participants de la BTR suivante. Puis le Train et le retour à Paris, avant de revenir à Somain le lendemain pour accueillir Dénis à l’usine.

Bonus à l’usine Origine de Somain

La BTR de Chilkoot en résumé

  • 📍 6 étapes
  • ⏱️ 49 h de vélo
  • 🚴‍♂️ 1175 km
  • ⛰️ 17 000 m D+

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