L’Union Cycliste Internationale (UCI) a annoncé une nouvelle interdiction visant à protéger la santé des coureurs. Lors de sa réunion à Arras les 31 janvier et 1er février 2025, le Comité Directeur de l’UCI a décidé d’interdire l’inhalation répétée de monoxyde de carbone (CO), une pratique controversée en médecine sportive. Cette interdiction entrera en vigueur le 10 février 2025.
Pourquoi l’UCI interdit-elle l’inhalation de monoxyde de carbone ?
Le monoxyde de carbone est couramment utilisé dans les milieux médicaux et sportifs pour mesurer la masse totale d’hémoglobine (Hb) et le volume sanguin. Ces données sont précieuses pour analyser l’impact de l’entraînement et de l’exposition à l’altitude sur la capacité de transport de l’oxygène. Cependant, l’inhalation répétée de CO peut avoir des effets secondaires graves, allant de maux de tête et vertiges à des troubles du rythme cardiaque et pertes de connaissance.
Face à ces risques, l’UCI a décidé de bannir l’usage de cette méthode en dehors d’un cadre strictement médical. Désormais, la possession de systèmes de re-breathing (réinspiration de CO) connectés à des bouteilles d’oxygène et de CO sera interdite pour tous les licenciés, équipes et entités relevant du règlement de l’UCI.
Une exception pour les structures médicales encadrées
Si l’utilisation récréative ou d’optimisation de performance est désormais proscrite, l’inhalation de CO restera autorisée dans les structures médicales supervisées par des professionnels de santé qualifiés. Toutefois, l’UCI impose des restrictions strictes :
• Une seule inhalation de CO sera permise pour mesurer la masse totale d’Hb.
• Une seconde inhalation ne pourra être réalisée qu’après un délai de deux semaines.
De plus, pour les coureurs des UCI WorldTeams, UCI Women’s WorldTeams et UCI ProTeams, toute inhalation de CO devra être enregistrée dans leur dossier médical, conformément au Règlement Médical de l’UCI.
Un pas vers une interdiction mondiale du monoxyde de carbone ?
Bien que cette interdiction ne relève pas directement du Code Mondial Antidopage, l’UCI a officiellement saisi l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) pour obtenir une position officielle sur l’utilisation répétée du monoxyde de carbone en compétition et hors compétition. Cette demande pourrait conduire à une interdiction généralisée par les instances antidopage internationales.
Des règles de participation plus strictes pour les meilleures équipes
Lors de cette même réunion, l’UCI a également annoncé une réforme des règles de participation aux épreuves du WorldTour et du Women’s WorldTour à partir de 2026. L’objectif est de garantir la présence des meilleures équipes sur les courses les plus prestigieuses.
Dès 2026, toutes les UCI WorldTeams seront obligées de participer aux trois Grands Tours :
• Giro d’Italia
• Tour de France
• La Vuelta
Ainsi qu’aux cinq Monuments du cyclisme :
• Milan-San Remo
• Tour des Flandres
• Paris-Roubaix
• Liège-Bastogne-Liège
• Tour de Lombardie
Chaque équipe pourra toutefois faire l’impasse sur une épreuve du WorldTour par saison, mais un maximum de quatre équipes pourront être absentes d’une même course. Cette règle vise à renforcer le prestige et la compétitivité des courses du calendrier international.
Les UCI Women’s WorldTeams devront quant à elles participer obligatoirement aux trois plus grandes courses par étapes féminines :
• La Vuelta España Femenina
• Giro d’Italia Women
• Tour de France Femmes avec Zwift
Un engagement global pour l’avenir du cyclisme
Au-delà de ces mesures, le Comité Directeur de l’UCI a également pris plusieurs décisions concernant les Championnats du Monde et les Coupes du Monde :
• Les Championnats du Monde Cyclisme en Salle 2025 auront lieu à Göppingen (Allemagne) du 7 au 9 novembre.
• Le calendrier international de cyclo-cross 2025-2026 a été validé, incluant la Coupe du Monde Cyclo-cross UCI.
• Une nouvelle Coupe du Monde Cross-country Marathon UCI Hero 2025 sera créée, en remplacement de cette discipline dans la Série Mondiale Mountain Bike UCI WHOOP.
Enfin, l’UCI a salué le travail des Confédérations Continentales du cyclisme, qui tiennent leurs congrès électifs cette année. Tony Mitchell, récemment réélu Président de la Confédération Océanienne de Cyclisme, entame ainsi un nouveau mandat de quatre ans. D’autres élections se tiendront dans les Confédérations africaine, américaine, asiatique et européenne d’ici début mars 2025.
L’interdiction du monoxyde de carbone saluée par le président de l’UCI
Le président de l’UCI, David Lappartient, a commenté ces annonces en soulignant la volonté de l’UCI de protéger la santé des athlètes et d’assurer un cyclisme plus compétitif et structuré :
« L’UCI adopte une position audacieuse et nécessaire en interdisant pour raisons médicales l’utilisation répétée de l’inhalation de monoxyde de carbone. Notre priorité est de protéger la santé et la sécurité de nos athlètes, et la décision d’aujourd’hui est un nouveau pas important dans cette direction. »
« Avec la modification des règles de participation à l’UCI WorldTour et à l’UCI Women’s WorldTour, les organisateurs, les coureurs et les fans peuvent être sûrs que toutes les épreuves de ces deux séries phares du cyclisme sur route professionnel masculin et féminin accueilleront les meilleures équipes du monde. »
Enfin, il a tenu à féliciter les Confédérations Continentales pour leur travail et à exprimer sa satisfaction concernant la direction prise par le cyclisme mondial.
Prochaine réunion de l’UCI en juin 2025
La prochaine réunion du Comité Directeur de l’UCI est fixée aux 10 et 11 juin 2025 à Arzon (France). Ce rendez-vous permettra de faire un premier bilan de ces nouvelles mesures et d’évaluer d’éventuelles autres évolutions réglementaires.
Conclusion : une avancée pour un cyclisme plus sain et plus compétitif
Avec l’interdiction de l’inhalation répétée de monoxyde de carbone, l’UCI marque une nouvelle étape dans la lutte contre les pratiques potentiellement dangereuses pour la santé des cyclistes. En parallèle, la réforme des règles de participation aux courses majeures garantit un calendrier plus compétitif, renforçant ainsi l’attrait et la visibilité du cyclisme professionnel.
Ces décisions traduisent la volonté de l’UCI de renforcer l’intégrité sportive, tout en veillant à la protection des athlètes. Reste à voir si l’AMA suivra cette initiative en élargissant cette interdiction au cadre antidopage mondial.
Plus d’informations : https://fr.uci.org/pressrelease/luci-interdit-linhalation-repetee-de-monoxyde-de-carbone-et-prend-des/